Christiane
Driesen, docteur en traductologie ESIT, Vice-présidente d'EULITA (European
Legal Interpreters and Translators Association), Directrice du programme de
formation des interprètes et traducteurs juridiques, AWW - Université de
Hambourg
Ludovica Maggi, doctorante en traductologie à l'ESIT
Philip Minns, interprète AIIC, ancien directeur de la Section Interprétation
de l'ESIT
René Prioux, consultant en traduction, ancien chef du service de traduction de l'OCDE
Philippe Séro-Guillaume, docteur en traductologie, directeur de la Section Interprétation en Langue des Signes de l'ESIT
Cette manifestation a été un hommage rendu à Florence Herbulot, ancienne Présidente de l’Association Danica Seleskovitch, à laquelle celle-ci doit beaucoup.Théorie
et pratique sont-ils deux concepts
antinomiques ? Ou bien chacune aurait-elle quelque chose à apporter à
l’autre ?
La
pratique: Pendant des
siècles, on a traduit sans formation à
la traduction. Mais ceux qui traduisaient étaient des lettrés, souvent des
religieux. Aujourd’hui, la croissance exponentielle des besoins en traduction
attire vers cette profession de plus en plus de jeunes et de moins jeunes, avec
ou sans formation. L’opinion majoritaire du public est que pour traduire, il
suffit de savoir une langue étrangère (sans précision sur le degré de ce
‘savoir’). Peut-on aujourd’hui se former sur le tas, apprendre par accumulation
d’expérience au fil de la pratique ?
Dans
la deuxième moitié du XX° siècle, de nombreuses formations ont été créées, ce
dont on ne peut que se féliciter. Mais
qui y enseigne ? Avec quel bagage ? Quelles méthodes ? Sur quels fondements ?
La
théorie: Aux
théoriciens, les praticiens reprochent de jargonner, de couper les cheveux en
quatre, de n’être pas traducteurs. Les théoriciens de leur côté se plaignent de
ne pas être écoutés par les praticiens.
Or
qui dit théorie dit effort de description mais aussi de compréhension de la
réalité, de la pratique. Certaines théories
sont des descriptions du produit de la traduction, et non une élucidation du processus, c’est-à-dire des différentes étapes
par lesquelles les traducteurs passent pour traduire.
Même
lorsqu’il y a explication du processus, les praticiens peuvent parfois avoir l‘impression que les théoriciens
voudraient leur imposer une manière de traduire. Or aucune théorie n’est prescriptive (elle ne
dit pas « faites comme ceci, pas comme cela ») et ne peut l’être, car
traduire, c’est faire des choix et, pour
un même texte, il y aura toujours plusieurs traductions possibles.
Théorie
et pratique, une synergie possible ? Théoriciens, praticiens, enseignants,
étudiants ont échangé leurs points de vue et expériences avec les
intervenants de la Table Ronde.